À un moment donné ou un autre de leur vie, plus de 80% des individus souffrent d’un épisode de douleur à la colonne vertébrale. La douleur au dos reste une des causes les plus communes de consultations auprès d’un médecin, chiropraticien ou physiothérapeute. (Power et al 2006).
Les dépenses médicales liées aux douleurs du bas du dos représentent entre 6 et 12 milliards de dollars annuellement au Canada. La douleur au bas du dos et ses affectations reliées ont un impact économique significatif sur la société due à la diminution de productivité des employés, aux congés de travail reliés et aux prestations d’incapacité subséquentes. (Brown et al 2005).
Bien que la plupart des lombalgies se résorbent dans un délai de quelques semaines à quelques mois, le rétablissement naturel n’est pas aussi simple que de nombreux professionnels de la santé le croient. Dans une étude récente, plus de 60 % des personnes souffrant de maux de dos avaient des symptômes qui duraient depuis plus de trois mois (Donelson et al 2012). L’incidence de lombalgie persistante et d’autres symptômes associés est significative, tel que démontrée dans une étude canadienne menée par Cassidy et al (2005). Au cours d’une période d’observation de 12 mois, l’incidence de lombalgie après 1 an était de 18,6 % dont 40,2 % présentaient des symptômes persistants, et 14,2 % connaissent une aggravation de leurs symptômes. De cette population, 28,7 % ont connu une récidive dans les 6 mois. D’autres études ont indiqué qu’en un an le taux de récidive était aussi élevé que 60 % (Pengel et al 2003). Bien que la réapparition de douleurs au dos ne soit généralement pas associée à un problème physique accru, elle conduit souvent à plus de visites chez le médecin et à d’autres tests diagnostiques, tous deux coûteux pour le système de soins de santé. L’histoire naturelle plus complexe d’une lombalgie n’en fait pas nécessairement un problème plus grave physiquement. La lombalgie est encore une fois due à divers changements mécaniques mineurs qui s’amélioreront et qui ne laisseront aucune incapacité permanente. Les lignes directrices sont les mêmes, mais la chronologie en est un peu décalée.
L’accès aux soins
L’accès à un régime public de soins de santé pour les personnes en situation de douleur au bas du dos varie à travers le Canada. Environ 70 % des patients souffrant de lombalgie choisissent de ne pas consulter un praticien de la santé autre que leur médecin de famille ou leur pharmacien local. Cela s’explique par le fait que l’accès à certains professionnels, comme les physiothérapeutes et les chiropraticiens, n’est pas systématiquement déboursé par le système public. Les patients doivent avoir recours à un régime privé d’assurance maladie (s’ils en ont) ou payer de leur poche pour leur traitement. Les personnes en situation de douleur au bas du dos et qui ne peuvent pas ou ne veulent pas payer pour des traitements supplémentaires s’en remettent donc entièrement à leurs médecins de famille pour recevoir des renseignements, des conseils et un traitement pour leur état.
Les preuves à l’appui des lignes directrices des pratiques cliniques de gestion de la douleur au dos suggèrent que la douleur au dos est une affection auto-limitée bénigne (Gross, 2006). Une étude comparative de 17 lignes directrices de pratiques internationales par van Tulder et al (2004) propose un certain nombre de recommandations cohérentes émanant de ces lignes directrices fondées sur des données probantes, y compris :
- rassurer le patient que le pronostic est favorable ;
- lui conseiller de demeurer actif et de faire de l’exercice
- décourager le repos au lit ;
- prescrire des médicaments seulement si nécessaire et sur une base individuelle ;
- lui suggérer envisager la manipulation vertébrale pour soulager la douleur.
Cependant, la littérature examinant l’utilisation de ces lignes directrices démontre qu’elles sont rarement pratiquées. Beaucoup de médecins de soins primaires ne suivent pas les directives de traitement basées sur les preuves (Mafi et al 2013). Une étude canadienne récente a démontré que malgré l’existence de la publication de guides de pratique clinique (GPC) sur le traitement des patients souffrant de douleurs mécaniques aiguës au bas du dos, les médecins de soins primaires n’appliquent pas pleinement les recommandations de cette publication dans leur pratique clinique. Cette étude a révélé que les recommandations du GPC en ce qui concerne l’imagerie diagnostique et les types de traitement ne sont pas souvent appliquées. En outre, seulement 7 % des médecins de soins primaires interrogés ont déclaré avoir fourni du matériel éducatif et du réconfort à leurs patients (Bishop et al, 2003). Les médecins de soins primaires ont des difficultés à gérer cette tranche de population de patients. Avec peu ou pas d’accès à une thérapie adéquate, ils font souvent des références chirurgicales inappropriées, dans l’espoir que le chirurgien offre de l’aide.
Par conséquent, les chirurgiens signalent être débordés par les consultations non chirurgicales pour lesquelles ils n’ont rien à offrir (Wai 2009). Ceci résulte en une attente plus longue pour voir un chirurgien, ce qui limite l’accès aux patients qui ont réellement besoin d’une opération. Dans certains cas, les références ne sont pas honorées et la personne souffrant de maux de dos ne reçoit aucune attention. Ce rejet basé sur le fait que la chirurgie n’est pas un traitement approprié, se traduit par une anxiété inutile chez le patient, le laissant croire que le refus du chirurgien de donner un avis signifie qu’il n’y a pas d’espoir. Le malade ne reçoit pas les informations didactiques simples et les conseils dont il a besoin pour reprendre ses activités normales. Cela mène à des périodes d’invalidité et à des arrêts de travail inutilement prolongés.
Ce modèle de soins inappropriés est aggravé par une dépendance excessive à l’imagerie plutôt que sur la prise de décision clinique. En Ontario, au cours des derniers dix ans, l’utilisation de la tomodensitométrie pour les maux de dos a augmenté de 199 % et l’utilisation de l’IRM de 619 %. Beaucoup de ces examens ont été demandés par les chirurgiens comme moyen d’enrayer le flot de références non-chirurgicales (You, 2009). Se fier indûment à l’IRM comme méthode dépistage pour les maux de dos conduit à de moins bons résultats (Webster 2013). Demander une IRM peut faire plus de mal que de bien. Les données récentes ont révélé la mise en œuvre d’un système alternatif, où les patients sont traités pour le dos et la douleur irradiant à la jambe sur la base des résultats cliniques d’un praticien de soins de santé qualifiée formé grâce à une méthode axée sur le syndrome et un modèle d’approche à la douleur. Ce système améliore l’utilisation appropriée des examens additionnels et se traduit par des économies nettes importantes (Kim, 2010).
Site Web
Ce site Web a été conçu pour fournir à tous les patients l’information de base sur la douleur au bas du dos et irradiant dans la jambe. Les informations présentées reflètent les données probantes et soutiennent un modèle de participation active et un retour rapide à la normale. Nous sommes conscients que certains patients ont des symptômes persistants, mais les concepts de la gestion de la lombalgie restent les mêmes, que les symptômes émanent d’un premier épisode ou fassent partie d’un problème récurrent.
Ce site n’est pas destiné à remplacer les instructions du professionnel de la santé qui fournira des informations ou un traitement pour ses patients.
Informations supplémentaires
Ce site sera mis à jour périodiquement afin d’y inclure les nouvelles données probantes liées au traitement de la lombalgie par les praticiens de la santé.